Nous voguons sur une mer imaginaire et naviguons sans cap, ballottés par des vents absurdes. La brise est annoncée dangereuse et les autres marins comme des porteur de peste.

Nous voilà navigateurs sans boussole, contraints d’appliquer une absurdité : Celle d’empêcher l’expression naturelle de la vie pour seule raison de vouloir… la préserver.

Dans mon bateau sans mat, j’ai tout le temps pour penser.

Et tant que ce monde m’interrogera et m’inspirera, je resterai libre penseur, plus que jamais.
Quand mon corps, ce bateau, est empêcher d’aller à la rencontre de l’autre,
et que j’entends les vents taper sur ses voiles fantômes les mots :

DISTANCE
BARRIÈRE

Alors dans mon bateau, je respire, j’observe, je réfléchis, je pense. Je questionne l’horizon et cette rhétorique des vents incertains.

Et qu’en d’aucuns m’affublent du cynique terme de « branleuse intellectuelle », alors oui, j’assume et je hisse le drapeau de l’onanisme !

Et faute de mat, je m’en fais une cape et un nouveau cap. Celui de mon esprit qui dans son isolement, y trouve, non pas son plaisir, mais le geste et l’énergie sulfureuse de sa survie.
Oui je me branle ! Faute d’être accueillie par la main dangereuse de l’autre, par son souffle effrayant, et par sa peau au territoire interdit.

Nous sommes tous des migrants, fuyants les vents de la peur, de l’isolement et de l’obscurantisme…

Les mouettes rieuses me parlent d’un canal, celui d’un certain martin, devenu saint semble-t-il. Il parait qu’on y chante le murmure des actes de résistance plus que d’insouciance d’ailleurs, quand en même temps, la rumeur des vents médiatiques nourrie la gronde de l’opinion indignée. Celle de ceux qui se sont déjà rangés en fond de cale, attendant qu’un capitaine vienne leur annoncer la fin du voyage.

Dans ce monde, ou je navigue, l’habitant terre est présumé coupable de porter l’hypothétique menace d’un naufrage collectif.

Alors, exilés à nous même, privés du corps social, nous avons pris la mer, chacun dans sa barque.

– « Et demain mon capitaine ? »

– « Demain ? »

Murmure la mer

– « C’est plein d’aujourd’hui(s). »

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